Code moral

Le code moral du Judo

 

Le Judo, est comme tous les arts martiaux d’origine japonaise, imprégnée du Bushido (voie du Samouraï ou du guerrier), il véhicule des valeurs fondamentales qui s’imbriquent les unes dans les autres pour édifier une formation morale et, est inconcevable sans lui. Chaque judoka engagé dans la voie du Judo, l’est aussi dans celle du Bushido. Il doit donc étudier, pratiquer et vivre le Bushido en même temps que le Judo, car ils sont inséparables. Le judo, sans Bushido, n’est qu’une apparence et ne peut faire illusion longtemps.
Le code du Bushido demandait loyauté, courage, sincérité, contrôle, honnêteté, sens de la justice, sympathie envers le peuple, respect de l’étiquette, soit un ensemble de qualités qui pouvait se résumé en devoir (Giri), détermination (Shiki), générosité (Ansha), immuabilité de l’esprit (Fudo), magnanimité (Doryo) et humanité (Ninyo).

Ces traits de caractère sont le propre du Samouraï idéal. Même rarement toutes incarnées dans le même homme, ces qualités ainsi en avant dans le Bushido furent la ligne de référence d’une caste guerrière posée comme l’élite sociale de l’époque. Ainsi, le Bushido, code de comportement et idéale de vie, était une manière de civiliser un milieu qui fût pendant les premiers siècles de l’histoire du Japon extrêmement rude et frustre.

Il est donc capital que le Maître enseigne le Bushido en même temps que le judo, et que le disciple s’efforce d’apprendre les deux qui, en réalité, ne sont qu’un. Le respect rigoureux des principes du Bushido et de son étiquette, facilite les progrès en judo.

Les principes du Bushido sont :

La politesse
C’est le respect d’autrui

Dès la première règle, on rencontre le mot respect. C’est la première chose que doit apprendre le pratiquant. Le salut est là pour fixer les limites. On salut, car pour le pratiquant ce n’est pas un adversaire qui se trouve face à lui, mais un partenaire. On le respecte comme on respecte le professeur (le maître). On se doit d’utiliser les mots, faits et gestes qui montrent que l’on estime la personne. Cette manière d’être amène obligatoirement la convivialité et l’échange.
Si le judoka intègre cette règle dans sa discipline, il saura la pratiquer au quotidien. Il trouvera facilement les mots qui s’y rapportent tels que « bonjour » « au revoir » « s’il vous plaît » « merci« , entre autres. C’est se montrer accueillant, c’est ouvrir au dialogue, c’est faciliter la rencontre, c’est prendre en considération, c’est inviter à en faire de même. C’est quelque part, aussi, se faire respecter.

Le courage
C’est faire ce qui est juste

Le courage ce n’est pas se jeter dans la bataille à tout prix, c’est avant tout réfléchir avant d’agir. L’esprit doit conduire le geste et non pas l’inverse. Tout acte doit au préalable être analysé afin qu’il soit ‘exécuté à bon escient. Le judoka doit toujours avoir à l’esprit la portée de ses gestes.
Cette règle doit le suivre partout. Dans sa vie, ses actes de bravoure, quelqu’en soit la dimension, doivent correspondre à une juste cause.

« L’absence de courage, c’est comprendre ce qui est juste et ne pas le faire »
Confucius (personnage historique chinois. Est considéré comme le premier « éducateur » de la Chine)

La sincérité
C’est s’exprimer sans déguiser sa pensée

Derrière se terme transparaît comme une évidence, la loyauté. Dans ses actions, lors de ses combats, le judoka doit avant tout être loyal vis à vis de son partenaire. Il doit s’exécuter avec honnêteté et tout en restant fidèle aux préceptes du créateur du Judo, Jigoro Kano. La notion de mensonge ou de tromperie est rejetée.
Pour appliquer cette notion quotidiennement, il suffit au pratiquant d’être vrai, de ne pas jouer un rôle pour tromper l’autre. Il se doit de se montrer tel qu’il est et non tel qu’il aimerait paraître. Son apparence naturelle reste la meilleure arme qu’il possède s’il sait suffisamment l’utiliser et en tirer tous les parties. Cela demande un effort important, car avant d’atteindre cette quasi perfection, il faut tout d’abord bien se connaître soi-même.

L’honneur
C’est être fidèle à la parole donnée

C’est l’estime que l’on a de soi-même. Tout bon judoka se doit de se respecter lui-même et ainsi par la même de respecter les autres. Lorsqu’il s’engage dans une action, il se doit de la mener jusqu’au bout et sans contradiction. C’est ainsi qu’il sera considéré comme une personne de valeur.
Même si dans la vie courante, ce terme est de moins en moins employé, si ce n’est lors de conflits, guerres (tomber au champ d’honneur,), ou administrativement parlant (déclaration sur l’honneur), tout individu peut et se doit de montrer sa respectabilité.  Un être honorable est quelqu’un de respecté, quelqu’un de confiance, quelqu’un qui a montré des qualités suffisantes pour bénéficier de la reconnaissance de la plupart.

La modestie
C’est parler de soi-même sans orgueil

Encore une qualité très forte que doit absolument intégrer tout judoka. Même si la victoire peut être belle et motivante, il ne faut jamais oublier que sans le partenaire et ses propres qualités, elle n’aurait aucune valeur. Il faut bien comprendre que dans cette discipline, cet art martial, bien qu’il soit question de combat, les combattants sont dépendants les uns des autres. Ils n’existent qu’à travers les autres. La modestie, c’est savoir s’apprécier sans le montrer. C’est avoir cette humilité qui par ses silences force l’admiration. C’est savoir maîtriser ses sentiments.

Le respect
Sans respect, aucune confiance ne peut naître

Même si la finalité reste d’essayer de gagner, un beau geste, accompli par les deux combattants est mieux apprécié. Ils jouent le jeu est c’est là que réside l’essentiel.  Il faut savoir tomber, mais également savoir faire tomber. Le but n’est pas de faire mal. C’est pour cette raison que toute prise doit être accompagnée jusqu’à son terme. On ne laisse pas tomber son partenaire, on l’accompagne jusqu’au sol. C’est ainsi que les deux combattants peuvent se faire confiance mutuellement. L’un des deux, en principe, gagnera, mais sans blesser, sans occasionner la peur, simplement pour le plaisir et toujours dans la notion de jeu.
De nos jours, cette notion se perd de plus en plus. Il est toujours question de « rapport de force », d’agression.

Le contrôle de soi
C’est savoir se taire lorsque la colère monte

Il peut paraître tout à fait incongru de voir apparaître ce précepte dans une discipline où il est question de combat. Tout pratiquant, avant d’acquérir les techniques pour maîtriser son partenaire, doit savoir avant tout se maîtriser lui-même. Ceci implique, qu’il se connaisse parfaitement et qu’il sache exactement  le moment où il faudra qu’il fasse l’effort pour bloquer ses impulsions. Un judoka, sous l’effet de la douleur, pourrait réagir violemment et de façon inconsidérée vis à vis de son homologue. Il doit toujours avoir à l’esprit que de sa propre maîtrise dépend la sécurité de son partenaire et sa propre sécurité.

Dans la vie courante, il vaut mieux savoir éteindre le feu plutôt que de l’attiser. La plupart des conflits de nos jours viennent que chacun reste sur ses positions avec ce sentiment de se dire : « si je cède, cela veut dire que j’ai perdu ». Hors bien souvent, il suffit que l’un des deux protagonistes fasse un geste pour que dans la foulée, un dialogue s’instaure et que retombe la violence, et que s’éteigne le conflit. Par cette preuve d’intelligence, il ne peut qu’obtenir la reconnaissance de celle ou celui qui auparavant se voulait son ennemi.

L’amitié
C’est le plus pur des sentiments humains

A la différence des principes précédents, l’amitié est un sentiment. Il apparaît, à sa juste place, en conclusion de ce code moral. A partir du moment où le pratiquant se lie d’amitié avec un autre, cela veut dire qu’il est prêt, vis à vis de cette autre personne, à appliquer les règles précédentes. Dans la pratique des Arts Martiaux, comme dans la vie courante, ce sentiment très particulier peut exister, mais le chemin est bien souvent difficile. Il est vrai que tout pratiquant, en intégrant les règles précédentes emprunte obligatoirement ce chemin.
En dehors du dojo, l’amitié existe aussi, fort heureusement. La phrase : « c’est mon ami », est employée souvent, mais la portée en est elle vraiment analysée ? Donner et recevoir de l’amitié, c’est ne pas porter de jugement, ne pas laisser au temps d’emprise, tisser des liens de plus en plus forts. Au Japon, cette notion se traduit par le mot « amae », et s’apparente étroitement à la relation très forte qui existe entre un enfant et sa mère. C’est un mélange d’admiration, de confiance totale, de respect.